Les enfants loups, Ame & Yuki: douceur et dureté de la vie.

Alors que la rentrée bat encore son plein dans le monde universitaire et que nous découvrons toujours davantage notre nouvelle ville de Strasbourg, nous décidions d’aller au cinéma afin de nous détendre quelque peu. À nous de vous faire part de notre ressenti quant au film de Mamuro Hosoda, Les enfants loups, Ame et Yuki, bien que cette séance fut ponctuée de désagréments dus à nos co-spectateurs…

Synopsis

Hana et ses deux enfants, Ame et Yuki, vivent discrètement dans un coin tranquille de la ville. Leur vie est simple et joyeuse, mais ils cachent un secret : leur père est un homme-loup. Quand celui-ci disparaît brutalement, Hana décide de quitter la ville pour élever ses enfants à l’abri des regards. Ils emménagent dans un village proche d’une forêt luxuriante…

Source: Allociné.fr

Monoparentalité

Si tous, nous pouvions nous attendre à découvrir l’histoire d’amour entre Hana et l’homme-loup, mais c’est bien celle d’Hana que nous allons suivre. L’amour se brisant par la mort de celui-ci, laissant celle-là avec deux enfants-loups: Yuki, la plus grande et Ame le plus jeune.

Se pose alors, le problème auquel tout parent seul se trouve confronté: l’argent, si dans un premier temps Hana vit sur l’épargne de son mari, rapidement le fait d’avoir quitté son emploi et ses études pour pouvoir se consacrer à l’éducation de ses enfants si particuliers, rend la situation plus complexe. Hana décide donc de quitter l’animation tokyoïte pour la paisible campagne nippone, espérant pouvoir y cultiver elle-même de quoi nourrir sa famille.

Si tout au long du film, les difficultés de la monoparentalité ne sont pas aussi flagrantes que celle de la quête d’identité, elles apparaissent néanmoins simplement, en douceur, notamment lorsqu’Hana se retourne vers l’unique image concernant son mari: son si précieux permis de conduire.

Quête d’identité

Tel est le fort de ce film, le cœur du questionnement, l’identité. Affiche du filmEnfants de sang-mêlé, Yuki et Ame vont se trouver confrontés au choix, être loup et homme, loup ou homme, homme ou loup. Si le choix de chacun sera différent. L’histoire nous permet d’apercevoir hésitations, doutes et décisions, mais jamais renonciation totale à l’une des identités.

Questionnement étonnant pour un nippon, tant nous imaginons l’Empire du soleil levant hermétique à toute immigration? Et pourtant, cette question s’y pose aussi, à voir tous les reportages que l’on peut nous diffuser sur le prétendu équilibre japonais entre traditions et modernité, les deux s’équilibrent peut-être mais sont en lutte permanente pour pouvoir continuer d’exister. En France, le problème pourrait se transposer sur les enfants qui peuvent être confrontés à une double identité: française et autre, voire française et française, mais différente néanmoins.

La question de l’identité d’un individu se pose à chaque instant pour lui, qui suis-je? Grande et insoluble question tant nous devenons à tous les instants de notre vie quelqu’un de différent mais toujours le même. Mais parfois, le regard des autres rend ce tiraillement, entre les différentes choses que l’on voudrait être et celles aussi que l’on paraît être, une souffrance, tant nous ne pouvons, et ne voulons, jamais renoncer à cette part de nous-même que les autres voudraient, ou que nous pensons que les autres veulent, que nous ne soyons plus.

Cette longue quête d’identité parcours le film où nous suivons Ame et Yuki de leur enfance à leurs 12 ans dirions-nous. Leurs chemins différent, mais chacun demeura toujours lui-même: un enfant loup.

Villes et campagne(s)

Si l’air de la ville rend libre au Moyen-Âge, à notre époque, l’air de la ville rend à la fois invisible et trop visible: invisible tant que vous vous conformez, trop visible si vous venez perturber un autre citadin. C’est ainsi qu’Hana se verra reprocher les pleurs nocturnes de son fils, les cris de ses “animaux”, et finalement conduite à déménager pour ne pas se retrouver expulsée.

La campagne quant à elle, abandonnée de la jeunesse en grande partie, peuplée de personnes âgées, offre un cadre idyllique de développement de soi au milieu d’un nature peu aseptisée.

Nous apercevons là un dualisme classique dans les dessins animés nippons où l’envers du pays se révèlerait être un havre de paix, de sérénité, de recentrement sur soi et d’ouverture sur les autres; face à une ville bruyante, vrombissante, inamicale, lieu du renferment sur soi et de condamnation des autres. Vision classique, mais qui fonctionne dans tous les imaginaires. Il nous en vient à se demander d’où vient cet imaginaire si commun aux Hommes des Etats urbanisés et développés du retour à la nature presque sauvage.

Contemplation du temps s’écoulant doucement

Des différents thèmes abordés – du moins ceux que nous avons aperçus – rien ne paraît original dans ce dessin animé. Sujets mondialisables et mondialisés au possible. Et pourtant, pour nous Les Enfants loups, Ame et Yuki, tire clairement son épingle du jeu, car il adopte un rythme, peu commun dans le dessins animés français ou étatsunien: la lenteur, le douceur, la contemplation. Des scènes sans parole, voire sans musique où la vie s’écoule pourtant. Pas de morale précise, à chacun de tirer la sienne et d’apercevoir comme il l’entend.

Une histoire, douce et belle, narrée par Yuki. Une escapade, un instant de repos de l’esprit, notre pensée s’est laissée emporter, et pourtant ce film nous a fait fort réfléchir, il suffit de voir la longueur de cet article.

En somme, pour vous forger un avis sur le film, rien de mieux que d’aller le voir vous-mêmes, autant que faire se peut tant le nombre de copies est limité et le nombre de cinémas intéressés tout autant.

Le site du film en français

Le site du film en japonais

Critique intéressante par Mark Schilling pour The Japan Times

Critique intéressante par mariemnd pour L’ouvre-livres

La poésie, vent faisant s’agiter l’herbe, de «La Colline aux Coquelicots».

Alors que l’année 2012 commence à peine, que l’actualité économique devient écrasante, l’envie nous est venue de nous sortir des réalités économiques et d’aller au cinéma. La sortie du dernier film des studios Ghibli, La Colline aux Coquelicots de Gorô Miyazaki nous en a donné le prétexte.

Synopsis

Umi est une jeune lycéenne qui vit dans une vieille bâtisse perchée au sommet d’une colline surplombant le port de Yokohama. Chaque matin, depuis que son père a disparu en mer, elle hisse face à la baie deux pavillons, comme un message lancé à l’horizon. Au lycée, quelqu’un a même écrit un article sur cet émouvant signal dans le journal du campus. C’est peut-être l’intrépide Shun, le séduisant jeune homme qu’Umi n’a pas manqué de remarquer…
Attirés l’un par l’autre, les deux jeunes gens vont partager de plus en plus d’activités, de la sauvegarde du vieux foyer jusqu’à la rédaction du journal. Pourtant, leur relation va prendre un tour inattendu avec la découverte d’un secret qui entoure leur naissance et semble les lier…
Dans un Japon des années 60, entre tradition et modernité, à l’aube d’une nouvelle ère, Umi et Shun vont se découvrir et partager une émouvante histoire d’amitié, d’amour et d’espoir.

Source: Allociné

Le Japon des années 1960

Le contexte dans lequel se déroule l’action est primordial, et chose importante, nous ne le découvrons que progressivement. En effet, nous sommes dans un Japon marqué par la capitulation après les bombes étatsuniennes de Hiroshima et Nagasaki, ainsi qu’un pays marqué par son engagement dans la guerre de Corée aux côtés de l’administrateur étatsunien pour un soutien naval et logistique face aux prétentions communistes sur la péninsule.

L’histoire en elle-même est fortement sous l’emprise de ce passé, Umi a perdu son père dans la guerre de Corée, Shun quant à lui a été recueilli, mais se pose la question de ses origines.

Par ailleurs, le Japon des années 1960 comme la monde est en plein bouillonnement intellectuel qu’explique les agitations entre la tradition et la modernité, tensions révélées par la menace de la destruction du foyer, nommé Quartier Latin, construit à l’ère Meiji. L’édifice jugé vétuste devrait être démoli par le lycée pour en construire un nouveau. L’historien y voit là, l’éternelle tension pour savoir ce que nous devons conserver du passé.

La poésie

Comme souvent dans les œuvres des studios Ghibli, la musique tout autant que l’action occupe l’espace. La Colline aux Coquelicots ne déroge pas à la marque de fabrique de la maison. Aussi retrouvons-nous des rythmes que les plus âgés reconnaîtrons sans aucun doute, dans un Japon s’ouvrant à la culture étatsunienne. Ainsi retrouvons-nous des chants étatsuniens traduits et interprétés en japonais (e.g. Red River Valley). La poésie de cette charmante histoire en ressort grandi par l’appui d’une musique simple, sans fioritures, qui nous emporte dans une histoire à la fin inattendue mais pressentie, une belle fin, mais comment aurait-il pu en être autrement?

En bref, comme toujours, un film qui nous emmène dans un monde autre que le nôtre, bien plus réel que la féérie de son père, Gorô, a su insuffler magie, tranquillité tout à la fois qu’émotion, mouvement, un film à voir. À condition, comme pour tout film, d’être prêt à se laisser emporter, submerger, et à s’immerger.

 

Cars 2, ou un nouveau James Bond

Avant la série d’articles annoncée, nous nous sommes permis un petit divertissement. En effet, nous sommes allés voir Cars 2. Pour les non-initiés, c’est un film d’animation où les personnages sont des automobiles (très étatsunien, donc).

Synopsis

Dans Cars 2, Flash McQueen, la star des circuits automobiles, et son fidèle compagnon Martin la dépanneuse reprennent la route pour de nouvelles aventures. Les voilà partis pour courir le tout premier Grand Prix Mondial, qui sacrera la voiture la plus rapide du monde ! Mais la route du championnat est pleine d’imprévus, de déviations et de surprises hilarantes, surtout lorsque Martin se retrouve entraîné dans une histoire comme il n’en arrive qu’à lui : une affaire d’espionnage international ! Ecartelé entre son désir d’assister Flash McQueen dans cette course particulièrement difficile et celui de mener à bien une mission d’espionnage top secrète, Martin se lance dans un voyage bourré d’action et une course-poursuite explosive sur les routes du Japon et de l’Europe, suivi par ses amis et regardé par le monde entier. Sur la route, Flash et Martin trouveront de l’action, de l’humour effréné et de tout nouveaux personnages – agents secrets, redoutables méchants et adversaires décidés sur les circuits automobiles…

Source: Allociné

Les bonnes pensées

Si dans, le premier épisode il s’agissait pour le héros Flash Mac Queen, de remporter la Piston Cup, cette fois, la vedette est Martin, le fidèle ami dépanneuse de Flash, entraîné dans une affaire d’espions par Mac Missil, le James Bond-voiture.

Évidemment, comme dans tout bon film pour enfant, nous retrouvons les éternelles couplet sur l’amitié entre Flash et Martin qui sera mise à rude épreuve, les douceur de l’amour, et bien évidemment des méchants, vraiment méchants qui veulent, accrochez-vous, donner mauvaise réputation aux carburants écologiques pour que le pétrole dont ils ont trouvé un super gisement soit de nouveau à la mode!

Scénario dans l’air du temps, mais traité de manière original, et le message écologique, se trouve contesté, mis en doute dans la durée du film, pour un retournement final. Mais même, si l’on pourrait croire à un film baigné d’écologisme, il n’en est rien, selon nous.

Les clichés tenaces

Ce film, est également l’occasion pour nos héros de voyager: Japon, France, Italie, Royaume-Uni, et à nous de rencontrer les éternels clichés. Le Japon, où Martin confond Wasabi et glace à la pistache, et utilise des toilettes étonnantes; Paris où les automobiles bloquées les embouteillages sont grincheuse mais où l’on assiste à des déclarations d’amour toutes françaises; l’Italie où la famille a un rôle déterminant, et où l’on rencontre les parrains de la mafia; enfin le Royaume-Uni où nous apercevrons sa gracieuse majesté automobile et les gardes de Buckingham Palace. Et, bien entendu, un docteur, acolyte du super-méchant toujours aussi méchant et à l’accent germanique!

De l’action

Élément important, de ce film, l’action, où nous retrouverons les ficelles de l’espionnage, des explosions, en veux-tu en voilà. Un film, qui nous a néanmoins tenu en haleine, malgré les deux coupures que nous avons eu à subir du fait des projectionnistes. L’action est au rendez-vous, et cette suite, semble tout aussi réussi que le premier opus, car différente sans apparaître comme étant une suite par manque d’idée, avec un scénario nouveau et un centrage sur un personnage jusque là secondaire. Bref, nous sommes séduis, autant que nous pouvons l’être par un divertissement.