Manifeste utopique contre le sexisme

Alors qu’hier, 8 mars, nous célébrions comme tous les ans, la Journée internationale des droits de la femme, nous vous proposons un manifeste utopique contre le sexisme.

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Définition du sexisme et applications

Selon le Petit Robert 2011 (p.2365):

Sexisme […] Attitude de discrimination fondée sur le sexe. machisme, phallocratie; misandrie, misogynie.

Selon cette définition, il apparaît clairement que le sexisme n’est en rien l’apanage des hommes, mais bien de tous les Hommes.

Suite à cela, il apparaît donc que la journée de la femme est une journée profondément sexiste dans le sens où elle vise à faire acquérir ou à défendre des droits sur critère de sexe, ce qui est bien entendu, le contraire de l’idée d’égalité devant la Loi.

Les femmes n’ont pas de droits spécifiques, ni particuliers, les hommes non plus d’ailleurs, hommes et femmes sont égaux en droit, il n’y a pas à avoir des droits de la femme, sauf à vouloir revenir dans une société avec une privata lex pour les femmes, pour les hommes, pour les grands, pour les petits… La société issue de la Révolution et des Lumières prône l’égalité des droits et non des privilèges attachés à des particularismes, y compris sexuels.

Promouvoir l’idée qu’il y aurait des “droits de la femme” est prôner un communautarisme, et donc une division de la société, là où l’idéal de la Révolution est la stricte égalité des Hommes. La femme a des droits en tant qu’elle est un Homme, et le droit qui s’applique à cet être désincarné qu’est l’Homme vaut tant pour les femmes que pour les hommes.

En conséquence de quoi, nous pensons qu’il serait préférable de promouvoir les droits de l’Homme ou bien ce que nous appellerions un Nouvel humanisme. La femme a des droits en tant qu’elle est un Homme, et le droit qui s’applique à cet être désincarné qu’est l’Homme vaut tant pour les femmes que pour les hommes.

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Conséquences de la désincarnation

Notre proposition utopique suppose la désincarnation, que l’Etat, le droit, les institutions, ne connaissent plus des hommes et des femmes, mais seulement des Hommes.

Conséquences sociales

Les conséquences sociales sont évidentes, terminées les discriminations à l’embauche ou bien encore celles dans les montées en grade. Terminées les remarques à une femme supérieure hiérarchiquement laissant entendre que pour obtenir ce poste elle passa par une “promotion-canapé”.

Finie également dans les médias, l’allusion de l’homme parfait car il sait faire la cuisine ou participer aux tâches ménagères. Cet homme n’est plus un sur-homme, mais un Homme.

Tous ces clichés qui cantonnent hommes et femmes, les uns à avoir des postes de direction plus aisément que les secondes malgré les compétences de celles-ci; les unes à être soi-disant naturellement compétentes pour les tâches ménagères excluant l’homme du milieu domestique (comme dans la réclame télévisée de Cuisinella où la femme pour avoir une cuisine parfaite en exclu l’homme).

Nous serions tous des Hommes, avec nos compétences propres et reconnues socialement en fonction d’elles.

Le renvoi du sexe à une question purement privée

De ce fait, la question du sexe, ou du genre comme l’on dit aujourd’hui, deviendrait secondaire, voire même inopérante dans les représentations collectives. Il n’en demeurerait pas moins, que nous sommes des hommes et des femmes dans nos vies privées.

Mais, là aussi, des progrès doivent être faits, achever le mythe de l’homme qui ne penserait qu’au sexe, à la virilité, et serait nécessairement toujours performant au lit; achever l’idée de la femme-objet qui écouterait et exécuterait les desiderata de son conjoint. Surannés le mari-sex-toy dont l’épouse serait le docile réceptacle.

Place à la totale liberté dans la vie privée, l’Etat n’aurait en rien à s’y immiscer, les pratiques religieuses, les pratiques culinaires, la répartition des tâches ménagères, les pratiques sexuelles, les individus dans la sphère privée seraient totalement libres. Dans la limite, toujours du respect de la dignité de l’Autre, ce qui exclut les violences quelles qu’elles soient et envers qui que ce soit. La totale liberté de la sphère privée ne signifie en rien la jungle et le retour à l’état de nature. Bien au contraire, la sphère privée serait le lieu d’expression entière de l’individualité, mais aussi du débat, de l’échange, car chacun fixerait ses rapports avec les autres.

Proposition qui mène à un contractualisme – écrit ou oral, nous serions dans une société de responsabilité où la parole donnée serait honorée sans avoir besoin d’un juridisme tatillon dans les formes – dans la sphère privée, dont l’Etat ne se mêlerait guère. Si un homme veut épouser plusieurs femmes, pour peu que celles-ci soient d’accord, ou si une femme veut pratiquer la polyandrie, pour peu que les contractants soient d’accord et signent le contrat. Et si un homme veut vivre avec un homme, grand bien lui face.

La différenciation sexuée serait opérante dans la sphère privée, mais ne devrait en aucun cas générer des rapports de domination, les Hommes y seraient fondamentalement égaux et y régiraient eux-mêmes les rapports. L’Etat n’étant là que pour réprimer les comportements attentant à la dignité d’un individu.

Retour à l’universalisme idéal

Ce projet, cette idée, n’est sûrement pour beaucoup qu’un idéal. Mais nous rappellerons que cet idéal d’un droit qui s’adresse à un Homme, désincarné, abstrait, est celui porté, en théorie, par la France depuis la Révolution et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

L’individu, sujet des Lois est désincarné, ainsi, si la Loi prescrit des congés parentaux différents pour les hommes que pour les femmes c’est déroger. De même, si un chef d’entreprise à compétence égale, embauche ou paie différemment c’est illégal, on pourrait se référer à la Loi et porter plainte en cas de telle discrimination, mais autant se référer à encore plus prestigieux et à quelque chose qui a valeur constitutionnelle:

Art.1: Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Art. 4: La Liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque Homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Art.6: La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789

Nous le voyons, la distinction sexuée de la société n’a en rien une utilité commune, donc ne peut fonder une distinction sociale. De plus, l’art.4 montre que la Liberté s’applique partout, et ne peut être borné que par la Loi, or l’Etat a tout pouvoir de règlementer la vie publique, sociale, mais la vie privée il ne peut que l’encadrer et protéger la dignité des individus, ce qui appuie notre raisonnement de supra. Enfin l’art.6, peut être étendu aux emplois en général où seule la méritocratie est valable et non pas les prébendes par sexe.

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Utopisme et réalisme

Bien sûr, en conclusion vous pourriez, légitimement nous rétorquer que tout cela est fort utopique, que rien ne se fera sans militantisme réaliste et efficace. Que la parité serait une solution pour obliger à considérer les femmes, bien que là, au lieu de reprocher à la femme d’être là par promotion-canapé et qu’elle sache qu’elle est compétente et conserve son honneur sauf; là on l’accuserait d’être là car elle est seulement une femme, ce n’est pas nécessairement mieux, mais peu, à force du temps, faire évoluer les mentalités.

Il est regrettable à notre sens d’avoir besoin des ces mesures discriminatoires. Procéder par féminisme et donc sexisme, c’est faire apercevoir l’échec de la Raison face à la stupidité. La Raison qui devrait faire apercevoir que la situation inégalitaire est ubuesque et injustifiée face à la stupidité de certains machistes qui se pensent supérieurs car hommes, là où répond le féminisme qui poussé à l’extrême pourrait mener à l’excès inverse.

Notre utopisme peut paraître gentillet et éloigné de la réalité, il l’est sûrement, mais comme l’a écrit Hugo: “Les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain”.

Soyons de nouveaux humanistes!